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Culture Jeune :

La culture jeune ne balaye pas Montand, Druon, Bardot, Marchais, elle leur ajoute Madonna, Coluche, le Top 50, Microsoft, les jeux vidéos, le hip-hop, le skate, qui vont prendre l'ascendant. Il faut désormais être cool et dynamique, il faut porter du street-wear, il faut être fun, le cheveu long fait partie du paysage, un nouveau langage, avec du franglais, avec les mots «branché», «super», «top», entre dans le dictionnaire : être jeune ne sera plus une question d'âge, la jeunesse sera un diktat, une gloire.

vendredi 21 janvier 2011

La culture jeune : une industrie économique.

Deuxieme exemple: L'esprit Canal

Le 4 novembre 1984, la télévision française possède une quatrième chaine, Canal +. Le lancement relève de l'amateurisme. Son succès sera pourtant gigantesque. Canal + impose un nouveau ton, où esprit rock rime avec second degré, humour branché avec jeunisme assumé.


Un logo tout beau tout neuf.

C'est le 9 juin 1982 que François Mitterrand annonce la création d'une quatrième chaîne, privée celle-ci. Un vieil ami du président de la république est chargé de bûcher sur le dossier : André Rousselet, directeur de Havas. Quand Elvis enregistrait sa première chanson, en 1954, il était le chef de cabinet du ministère de l'intérieur, alors détenu par Mitterrand. Le 6 décembre 1983, c'est officiel, Canal +, première chaine généraliste à péage en Europe, est créée. André a soixante et un ans. Un vieux à la tête d'une chaine jeune, c'est parti pour du jeunisme.
Pourquoi des téléspectateurs paieraient ? L'idée de Rousselet est simple. Canal +, sur le modèle des Américains de HBO, une chaine qui privilégie les fictions et le sport, propose des films, programme pleins de films. Canal + sera la chaine du cinéma. Une chaine de cinéma avec un « esprit rock » - le rock, ce n'est plus une musique, mais un esprit, une culture. Il y aura le Top 50, il y aura de Caunes des Enfants du rock, il y aura un transfuge de Rock'n'Folk, Laurent Chalumeau, il y aura aussi un transfuge des Inrockuptibles, Bruno Gaston, mais surtout, pour cimenter cet enrobage rock, il y aura des films.
La révolution jeune générée par le rock a aussi frappé le cinéma. Les sixties ont été marquées par Bonnie and Clyde et Easy Rider. Une nouvelle génération de réalisateurs- les équivalents des Doors ou des Stones, des cinéastes sans cravate, énervés, moderne, insolents -s'est tout au long des seventies emparé de Hollywood, Brian De Palma a réalisé Phantom of the Paradise, William Friedkin L'Exorciste, Martin Scorsese le film punk Taxi Driver, Francis Ford Coppola Apocalypse Now, Michael Cimino Voyage au bout de l'enfer, Steven Spielberg Les dents de la mer, George Lucas American Graffiti. Ce dernier film, sorti en 1973, l'année du Raw Power des Stooges, est un film de nostalgie pop : l'action se situe en 1962, avant la guerre du Vietnam, avant la politisation de la jeunesse américaine, avant la drogue sur les campus. « Je me suis rendu compte que la jeune génération était vraiment perdue. Les gens ne faisaient qu'une seule chose, s'asseoir et se défoncer. Je voulais retrouver le sens de ce qu'était l'adolescence pour une certaine génération d'américains, disons de 1945 à 1962. »


La génération de jeunes n'a malheuresement pas changer ses habitudes...

En 1976, George Lucas entame le tournage d'un long-métrage qui révolutionne le cinéma, La guerre des étoiles. A partir de ce film, le septième art devient un art clairement destiné aux ados, clairement marketé en tant que tel. Un art pop, dans son sens teenager, popcorn.
Le public des salles rajeunit d'un coup.
Pour marketé la nouvelle culture jeune, Lucas s'avere particulieremnt fortiche. Son idée : relooker Disney pour la génération post-pop.
En 1977, George Lucas décide de créer un film basé sur la science-fiction. Le film coûte 9,5 millions de dollars, sa promotion 2 millions.
Six mois après sa sortie, La guerre des étoiles affiche 200 millions de bénéfices. L'argent que rapportent les produits dérivés s'avère monstrueux.
Friedkin, l'ami de Lucas, voit le désastre de la culture jeune.
Star Wars, film familial divertissant, est-il un produit de la contre-culture, avec son message qui appelle à se battre contre les structures établies ? Non. La Guerre des étoiles signe plutôt une nouvelle mort de la contre-culture, les jeunes vont désormais se passionner pour les gadgets, ce sera les années 80. John Milius, qui écrit le scénario d'Apocalypse Now, que devrait tourner Lucas : « Lui et Spielberg apportèrent la preuve qu'il y avait énormément d'argent à se faire en transformant les cinémas en parcs d'attractions. »


Star Wars : l'étoile du cinéma mondial.


Après le lancement de Top 50, une émission chargée d'établir de façon rigoureuse un classement des ventes de disques, cette dernière prétend à une véritable exactitude des ses classements. Il révèle que les dinosaures de la variété française, Mireille Mathieu et consorts, ne jouissent plus du succès populaire dont ils continuaient de se réclamer. La musique, le Top 50, Canal +, c'est jeune, place aux nouveaux. Place à la new wave, pourtant à bout de souffle apres 1982, place à The Cure, Depeche Mode, Eurythmics, place aux Rita Mitsouko, Mylene Farmer, Indochine, Lio.


Extrait de l'émission Top 50.

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